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Notice d’inventaire n°6 — Dramatic Exit. Micro-exposition d'Objets Restés sur le Seuil

  • Photo du rédacteur: Karl Morysidès
    Karl Morysidès
  • 4 avr.
  • 2 min de lecture
 

Collection privée — Cabinet Art & Psy, Pont-Aven , Exposition permanente discrète : "Objets Restés sur le Seuil".

 

Description matérielle :

Installation typographique murale. Bois MDF (médium), découpé sur mesure.

Dimensions : 36 × 6 cm, épaisseur 8 mm. Lettres capitales rouges, en relief, typographie sans empattement, légèrement condensée.


Inscription : DRAMATIC EXIT

Fond mural peint en blanc, sans cadre, fixation directe au mur au-dessus de la porte d’entrée/sortie du cabinet Art & Psy, donnant sur la rue de Rozambidou.


L’objet est visible uniquement depuis l’intérieur, au moment de quitter le lieu.


Datation estimée : Conception et pose en 2025. Intégré dès l’ouverture du cabinet de Pont-Aven. Aucune signature visible.


État de conservation : Parfait. Aucune altération à signaler. L’inscription résiste à la lumière, au temps et au regard fuyant.


Notice critique (Karl Morysidès, 2025) :

L’objet n°6, intitulé « Dramatic Exit », est l’archétype d’un seuil silencieux.

Il ne s’agit pas d’une enseigne.

Il ne désigne ni un lieu ni une fonction.

Il annonce une faille.

Ce morceau de bois découpé, peint en rouge et suspendu au-dessus de la sortie, inaugure un moment de bascule discret, une cassure sans bruit.


Dans la psychanalyse du Seuil, la sortie du cabinet est toujours un événement interstitiel. Ce n’est ni la fin d’une séance, ni encore le retour au monde.

C’est un entre-deux fragile, un temps suspendu, où quelque chose n’a pas encore rejoint sa forme, et déjà ne peut plus être dit.

L’inscription « Dramatic Exit », en anglais, déplace la langue, déjoue l’attendu, évoque à la fois le théâtre, le cinéma, le rituel et l’effondrement.

Elle n’indique rien, mais active un trouble latent. Est-ce un avertissement ? Une ironie ? Une liturgie ? Tout dépend du corps qui passe sous elle.


Le matériau – médium, cet agglomérat de fibres de bois – n’est pas anodin. Il incarne le matériau liminaire par excellence, sans noblesse, sans origine, sans pureté. Il évoque les interstices de la matière, comme la psychanalyse du seuil s’attache aux interstices du langage et du temps psychique.


Le rouge, enfin, n’est pas un cri. Il est un battement. Le rouge du sang symbolique, du refoulé, de la honte, du désir, du dernier mot qu’on n’a pas dit. Il signale un passage, mais un passage que nul ne peut nommer à l’instant où il le traverse.


Références croisées :

  • Laudrin, F., Morysidès, K. (2024). Théorie du Seuil. publication sous presse.

  • Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, pour la pensée des intermondes perceptifs.

  • Freud, Analyse finie et infinie, pour la sortie comme énigme toujours déplacée.

  • Blanchot, L’entretien infini, pour la langue du départ suspendu.

  • Didi-Huberman, Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, pour le statut de l’inscription murale comme regard retourné.


Statut muséal : Fixé. Visible uniquement dans le moment de sortie. Ne peut être déplacé sans trahir sa fonction. N’appartient ni à la rue, ni à l’espace analytique. Il est dans l’intervalle.


Nota Bene :

L’objet n°6 n’est pas un mot, c’est une tension.

Une ligne de fuite mentale. Il ne regarde pas, mais il sait qu’on le regarde.

Il est là pour que chaque départ, même infime, soit habité d’un battement.

C’est cela, dans ce cabinet, partir dramatiquement : sans drame apparent, mais avec la conscience aiguë de quitter un seuil.

Site propulsé par le Cercle Franco-Autrichien de Psychanalyse - 2025

8 rue de Rozambidou F-29930 Pont-Aven

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