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Installation filmique - La Sphinge

  • Photo du rédacteur: Fabrice LAUDRIN
    Fabrice LAUDRIN
  • 12 mars
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 mars

 

Sphinge, FAb, 2025 (2 minutes, format numérique)

 



Certains films vous prennent par la main, vous expliquent gentiment où se trouve la sortie, et puis il y a ceux qui, à l’image de Sphinge, vous déposent sans un mot au seuil d’un temple obscur, vous laissent tourner en rond et observent, imperturbables, vos tentatives désespérées de comprendre ce que vous êtes venu y chercher.



Le fil narratif – si tant est qu’il en existe un – suit un psychanalyste qui, au fil du temps et des épreuves, croise, combat, caresse et finalement boude une statue de Sphinge, gardienne mutique et impassible. Le film nous fait glisser d’un souvenir brumeux à une crypte oppressante, d’une rue pavée trop nette pour être honnête à une ombre qui en dit trop. À chaque étape, un double féminin de la Sphinge surgit, bavarde ou silencieuse, enjôleuse ou menaçante, mais toujours insaisissable.


Le piège du choix

Tout est là : Sphinge interroge le libre-arbitre, non pas en l’illustrant de manière démonstrative, mais en nous faisant ressentir son potentiel factice. Car le psychanalyste, à mesure qu’il vieillit et revient inlassablement dans cette crypte, semble de moins en moins acteur de son propre récit. Ses émotions se succèdent – trouble, agacement, colère, indifférence – mais son destin, lui, est écrit d’avance : revenir toujours, jusqu’à ce que l’épuisement du sens fasse place à un sourire apaisé. A-t-il compris, ou simplement renoncé ?


FAb appuie ce vertige en ponctuant son film d’un jeu de langage discret mais retors : la jeune femme au t-shirt change d’inscription au fil du récit – “Sphinge”, “Sphinx”, “SPINEX” – changement de genres et anagramme qui transforment le mystère en mot croisé, un enjeu purement langagier, à l’image du Sphinx de la mythologie qui ne tue pas directement mais pousse à l’erreur par le verbe.


Et nous, spectateurs ?

Nous suivons cette trajectoire en trompe-l’œil jusqu’à la scène finale, qui nous rejette là où tout a commencé : la jeune femme en chiton grec nous salue à nouveau, sur la route pavée d’une France intemporelle. Son sourire est-il une invitation ou une moquerie ? À nous de choisir. Ou plutôt, de croire que nous avons choisi.


En deux minutes, Sphinge tisse une expérience psychanalytique miniature, où l’on croit s’approprier les images alors qu’elles se referment sur nous comme un piège parfait. FAb ne nous demande pas de comprendre son film. Il nous demande de comprendre que nous ne comprendrons pas.


Et c’est peut-être ça, le vrai secret de la Sphinge.


 

Le fichier est disponible dans sa version YouTube Short, puis sera projeté ponctuellement sur les rideaux du cabinet Art & Psy, 8 rue de Rozambidou à Pont-Aven au printemps 2025.

 

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